Pour être franche, si j’ai voulu voir le film et lire le livre par la même occasion, c’est entièrement la faute de Mads Mikkelsen. C’est un acteur que j’aime beaucoup même si je n’ai pas vu toute sa filmographie et sachant qu’il tournait le film en français, ça m’a intrigué, j’ai voulu voir. Bon, le résultat n’est pas aussi concluant que je l’aurais souhaité mais tout n’est pas à jeter, soyons honnêtes.
Je vais commencer par le livre car c’est le matériau de base du film. Il est écrit par un auteur allemand, Heinrich von Kleist, au XVIIIe siècle qui pose son récit, bien évidemment, en Allemagne du coté de Dresde. L’histoire se déroule au XVIe siècle durant les débuts de la Réforme de Luther et le personnage principal, Michael Kohlhaas, marchand de chevaux, s’est converti il y a peu à celle-ci. Père de famille et homme pieux, il va devoir faire face à une injustice cristallisée par les abus de pouvoir de la société allemande de l’époque, une petite noblesse faiblissante, une haute noblesse trop puissante et les citoyens au milieu cherchant l’équité, ou du moins, une certaine justice. Kohlhaas va prendre les armes pour faire valoir ses droits et l’histoire repose sur cet homme vu en héro par la population mais comme un rebelle à éradiquer par le pouvoir. Le récit est plutôt bien écrit, après tout, on est au XVIIIe siècle, les faits et les actes sont clairs. De plus, il s’agit d’une nouvelle courte donc rapidement lue. Un petit bémol toutefois sur le dénouement car un peu de fantastique vient s’immiscer dedans sans aucune explication ce qui laisse réellement le lecteur sur sa faim.
Cela dit, cette nouvelle était une excellente base pour un film qui aurait pu être vraiment intéressant. Mais…. flop. Alors, on aime ou on n’aime pas, mais les choix scénaristiques faits par Arnaud des Pallières, le réalisateur, m’ont paru dénaturer l’histoire, notamment celui de déplacer géographiquement le lieu. Je n’ai pas trouvé l’intérêt de planter l’histoire dans les Cévennes plutôt que de la laisser en Allemagne. Heinrich von Kleist était allemand et c’est dans le contexte allemand de l’époque qu’il a ancré son texte. Même si on peut rapprocher certaines périodes et certains lieux, je n’adhère pas à cette idée, c’est trop facile. Pour le réalisateur, il s’agissait de montrer un aspect universel du personnage et de l’histoire et, ajoute-t-il dans la post-face de l’édition du livre, il ne voulait pas tourner en allemand. Bon, je respecte son choix, mais pour moi, ça ne passe pas du tout. Les quelques répliques échangées en allemand (déjà on se demande pourquoi dans un film tourné en français et où les personnages sont tous français et n’ont rien à voir avec l’Allemagne) m’ont confirmé que cela rendait beaucoup mieux dans cette langue.
Un deuxième choix du réalisateur qui me convainc moyennement, c’est sa volonté de minimalisme, tant dans les décors que dans les costumes… jusque dans les dialogues. Je ne suis pourtant pas du genre à vouloir des dialogues tout le temps, il m’est arrivé de voir et d’apprécier des films avec très peu de parole, mais pour ce film, le rendu est vraiment très étrange. Il y a très peu de scène en intérieur pour éviter les décors, voulu par le réalisateur, les costumes ont été fait de la même manière, ne restait donc que la nature. Belle. Oui si on veut pour le peu que l’on en voit car je trouve qu’elle n’est pas assez mise en valeur malgré la volonté d’Arnaud des Pallières de se concentrer dessus. Il semble, selon ses dires (d’après la même post-face), qu’il ait voulu les moindres détails du film et de la réalisation, jusqu’aux gestes de Mikkelsen, mais je pense que le ressenti que l’on a est bien éloigné de ce qu’il voulait partager avec le public. Je suis bien contente d’avoir lu le livre en même temps car cela m’a permis une certaine comparaison et je dois dire que je ne l’aurais sans doute pas lu si j’avais vu le film en premier. Malgré ça, il y a de bonnes choses dans le film, notamment Mikkelsen qui joue très bien malgré son accent qui est ici à son désavantage, les autres acteurs sont également très bien, notamment l’actrice jouant la fille de Kohlhaas, Mélusine Mayance.
Pour conclure, je pense que, comme tous les films d’art et d’essai, certaines personnes peuvent absolument adorer le style d’un réalisateur et d’autres ne pas accrocher du tout. Pour ma part, vous l’avez compris, je n’ai pas adhéré aux choix faits par le réalisateur. Peut-être que lire le livre en même temps m’a rendu un peu plus critique et moins objective mais bon, c’est mon ressenti. Par contre, malgré tout je le recommande quand même aux fans de Mikkelsen.
Aza.
Je souhaitais voir le film car une partie a été tourné dans mon Patelin Paumé (si j’avais su, j’aurais pu voir Mads Mikkelsen). Je ne savais pas par contre que le film était tiré d’une nouvelle. Du coup, je pense que je ferais comme toi, lire et voir, pour comparer. Je ne sais pas si j’apprécierai le film mais peut-être que de savoir qu’une partie des paysages sont chez moi m’aidera à plus apprécier ?
Merci pour ce billet !
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J’habite dans les Cevennes et je pensais apprécier pour ça… mais au final même pas ^^ »
Comment comment ? Tu n’as pas croisé Mads ?! J’avoue que c’est balot, ça me dirait bien de rencontrer cet acteur, il a vraiment l’air intéressant en tant que personne.
N’hésites pas à me dire ce que tu en as pensé quand tu l’auras vu, je suis curieuse d’avoir d’autres avis 🙂
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Malheureusement, j’ai su à la sortie du film qu’il avait été tourné vers chez moi et que Mads était là (j’aime bien l’idée de l’appeler par son prénom, on dirait qu’on est intime ^^).
J’aime beaucoup ce que fait cet acteur et c’est vrai qu’il a l’air intéressant en tant que personne.
Pas de soucis pour l’avis même si je ne pense pas le voir dans l’immédiat.
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