Ce livre, cela faisait un moment qu’il me faisait de l’oeil en librairie. La première fois, c’était cet été en rentrant dans la librairie d’Actes Sud à Arles et depuis j’y repensais souvent. Alors il a fini sur ma wishlist de Noël et je l’ai retrouvé sous mon sapin. Je me suis empressée de terminer le livre que j’étais en train de lire pour attaquer les Dandys de Manningham rapidement après. Contrairement aux apparences, ce livre n’est pas écrit pas un auteur anglo-saxon mais par un suédois : Jan Guillou, écrivain et journaliste reconnu dans son pays. Les Dandys de Manningham est en fait le deuxième livre d’une série qu’il est en train d’écrire sur « Le siècle des grandes aventures ». Le premier livre s’intitule Les Ingénieurs du bout du monde.
Pour tout dire, je n’ai pas lu Les ingénieurs du bout du monde mais ça ne m’a vraiment pas empêché de comprendre Les Dandys. Le premier livre se concentre apparemment sur deux des frères Lauritzen, norvégiens ayant fait leurs études d’ingénieur à Dresde en Allemagne. Les Dandys de Manningham suit le parcours du troisième de ces frères : Sverre, qui suit son amant, Albie, dans sa résidence de Manningham en Angleterre au début du XXe siècle.
Je vous épargne un résumé qui serait une redite avec ce que je vais vous dire de ce livre. C’est le mot « Dandy » qui m’a fait retourner le livre pour en lire la quatrième de couverture. Ce mot est synonyme d’Angleterre et de XIXe siècle pour moi et effectivement, le mot est bien choisi même si l’histoire se déroule au début du XXe. A vrai dire, le contexte social, politique et économique est clairement XIXe : la révolution industrielle, les relations entre Angleterre et France, puis Angleterre et Allemagne, l’art (avec Van Gogh, Cézanne, Degas, Matisse…) et sans oublier « l’amour qui n’ose pas dire son nom » peu après le procès d’Oscar Wilde à Londres en 1895 (le scandale Queensberry). C’est dans ce contexte qu’évolue le jeune couple d’Albie, jeune lord anglais et Sverre, ingénieur et artiste norvégien.
Vu le cadre historique dans lequel Jan Guillou inscrit son roman, je m’étais dit qu’il y avait du travail. La période demande beaucoup de recherches sur tous ces aspects qui se sont énormément influencés les uns les autres. Je n’ai pas été déçue du tout, ayant déjà quelques connaissances, j’en ai appris encore et j’ai remarqué à quel point Guillou s’était approprié toute la période ainsi que les anecdotes qu’il a pu en tirer au service de sa plume. Son style est très fluide et agréable à lire, ni trop guindé, ni trop simple, c’est un équilibre parfait et qui colle à la perfection avec son récit.
J’ai particulièrement apprécié les divers passages sur les relations entre les pays, jusqu’à l’entrée en guerre de l’Angleterre en 1914. Bien évidemment, il nous montre le point de vue des artistes et d’une société qui a des moeurs bien différents de la majorité de la population (avec le Bloomsburry groupe) face à la guerre et c’est un aspect que je ne connaissais pas et que je trouve vraiment intéressant.
Je vous recommande donc chaudement ce livre (que l’on peut tout à fait lire sans avoir lu le premier). Pour les amoureux du XIXe anglais, il est parfait. Je lui donne donc 5 birdybooks et j’espère avoir éveillé votre curiosité. Je crois que je ne vais pas tarder à me procurer le tome 1 des Ingénieurs du bout du monde de mon côté.